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Ce matin, lors d’une conférence de presse conjointe avec 1POINT6, BNP Paribas a officialisé la finalisation de la prise de contrôle de la fintech qu’elle avait contribué à créer il y a à peine deux ans. Avec cette opération, le groupe continue d’étendre méthodiquement son empreinte dans les paiements, quelques jours seulement après l’annonce de sa montée au capital de Worldline, et dans la continuité de son écosystème déjà bien développé.

Car derrière ce mouvement capitalistique se joue un enjeu beaucoup plus profond : reprendre la main, en propre, sur la mécanique des flux marketplaces, un territoire où les acteurs internationaux comme Stripe ou Adyen et des spécialistes comme Mirakl (avec Mirakl Payout) et Lemonway ont pris de l’avance.

L’intégration de 1POINT6 au sein de l’écosystème paiement de BNP Paribas s’inscrit ainsi dans une stratégie claire : APIser l’infrastructure paiement du groupe, pour offrir à la fois une meilleure expérience aux consommateurs et une architecture plus modulaire, plus intégrable pour les entreprises, en particulier celles opérant des plateformes et marketplaces. En internalisant cette brique d’orchestration des flux, BNP Paribas complète son dispositif et entend rivaliser avec les plateformes intégrées internationales, tout en assurant un ancrage européen et conforme aux régulations locales.

L’objectif : maîtriser la complexité croissante des marketplaces

Depuis quelques années maintenant, la montée en puissance des marketplaces B2C et B2B impose de nouvelles exigences techniques et réglementaires : segmentation des flux, KYC vendeurs, tenue de compte, conformité multi-pays, gestion des fonds pour compte de tiers, lutte contre la fraude, cash-out et réconciliation comptable. Ces opérations, invisibles pour l’utilisateur final, constituent pourtant la véritable colonne vertébrale du modèle marketplace.

C’est précisément ce terrain que 1POINT6 adresse. La fintech a été conçue dès 2023 pour gérer l’ensemble de ces flux complexes. Son architecture repose sur une API d’orchestration capable de combiner briques internes et externes, et d’intégrer les frameworks du marché, notamment Mirakl, dont les clients figurent parmi les plus grandes marketplaces européennes et mondiales.

Deux ans de construction intensive

La fintech naît en 2023 d’un partenariat entre BNP Paribas, le startup studio 321 Funded et les cofondateurs Guillaume Massis et Frédéric Minot. Tout est pensé dès le départ pour qu’elle devienne un acteur capable d’être intégré au groupe, mais sans perdre la vitesse et l’agilité d’une structure indépendante. En vingt-quatre mois, plusieurs jalons structurants sont atteints.

D'abord, la constitution d’une équipe d’experts issus des fintechs et du paiement, pensée pour être petite, exigeante, spécialisée, avec une proximité immédiate avec les clients. Ensuite, la construction d’un produit conçu sur un principe simple : offrir une API d’orchestration suffisamment modulaire pour gérer l’ensemble du cycle des flux - du cash-in au cash-out en passant par la tenue de compte, la fraude, le reporting et la comptabilité.

Parallèlement, la fintech mène son chantier réglementaire, qui aboutit en juin 2025 à l’obtention d’un agrément d’Établissement de Monnaie Électronique pour passer du statut agent (rendu possible avec la banque française) à EME.

Enfin, les premiers cas clients valident la pertinence du modèle : April International dans l’assurance, Carte Blanche Partenaires dans la santé et Fnac Darty dans le retail avec sa marketplace internationale et la migration française de flux BNP Paribas vers 1POINT6.

Trois environnements où la conformité, la segmentation des flux et la réconciliation sont des exercices complexes, peu compatibles avec les solutions standardisées.

Le chaînon manquant de BNP Paribas

Si le groupe décide d’intégrer 1POINT6 au capital, c’est pour compléter une architecture pensée depuis plusieurs années. BNP Paribas dispose déjà d’un ensemble de briques solides : Axepta pour l’acquisition, Floa et Cetelem pour le BNPL et le crédit, un leadership européen en cash management pour les entreprises et une capacité forte en KYC bancaire.

Ce portefeuille présente une stratégie diversifiée probablement rare dans les paiements, permettant à BNP Paribas d’adresser la partie consommateurs et entreprises, mais il souffrait d’un angle mort : l’absence d’une brique d’orchestration capable de gérer des flux complexes pour les plateformes. Ce chaînon manquait pour créer une offre intégrée de bout en bout.

C’est une stratégie assumée menée par la banque : ne pas verticaliser comme Adyen, mais assembler une infrastructure européenne complète, adaptable aux régulations locales, capable d’intégrer plusieurs briques internes ou externes et suffisamment souple pour se brancher aux frameworks utilisés par les grands marchands.

Parmi ces choix assumés dans sa stratégie, celui de rester proche de Lemonway et de continuer son partenariat avec l’une des références clés des flux marketplaces.

Un objectif clair : devenir leader européen des flux marketplaces

Avec un backlog déjà au-dessus d’un milliard d’euros de flux identifiés, 1POINT6 entre dans une phase d’industrialisation. BNP Paribas vise explicitement une position de leader européen de la gestion des flux marketplace B2C et B2B d’ici trois ans. Le marché s’y prête : la montée des plateformes, la structuration du B2B e-commerce, les obligations de conformité renforcées par PSR et DSP3 et les besoins de financement intégrés créent une demande pour des solutions à la fois souveraines, flexibles et régulées.

La prise de participation majoritaire du groupe marque la fin de la phase de construction. Pour BNP Paribas, l’intégration permet d’accélérer immédiatement : mise à l’échelle, renforcement des équipes, mobilisation des réseaux commerciaux, intégration avec les briques existantes du groupe et extension vers les marchés européens.

Maintenant que l’intégration a été finalisée, Commence désormais le moment le plus délicat : prouver que cette brique pensée pour la complexité peut tenir l’échelle européenne, industrialiser les flux, accompagner les marketplaces dans leurs enjeux réglementaires et s’inscrire comme un choix naturel face aux modèles dominants tout en atteignant le milestone de la dizaine de milliards de flux d’ici trois ans.

Chloé

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