Avec un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros en 2024, Maisons du Monde s’impose comme l’un des leaders européens de la décoration et de l’ameublement.

Présente dans neuf pays : de la France à l’Autriche en passant par l’Espagne et l’Italie, l’enseigne a bâti son succès sur un modèle omnicanal équilibré : 48 % des ventes en magasin, 28 % en ligne, et 24 % en click-in-store. Ce modèle hybride, soutenu par quatre marketplaces européennes, repose sur une promesse d’expérience fluide, du showroom à la livraison. Et dans cette promesse, le paiement joue un rôle important.

« Le paiement est un maillon critique de l’expérience client, mais aussi un enjeu de pilotage et de rentabilité. Pour nous, c’était devenu un sujet de transformation à part entière », explique Jérôme Connac, Product Manager Paiement du groupe.

Le modèle full stack : une solution devenue contrainte

Historiquement, Maisons du Monde s’appuyait sur une solution full stack, d’abord Dalenys, puis PayPlug (Groupe BPCE) - qui gérait à la fois les flux d’encaissement (pay-in) et de versement (pay-out). Ce choix, fait à une époque où l’agilité primait sur la sophistication, répondait à un besoin : s’équiper vite et bien pour accompagner la croissance digitale. Le full stack offrait simplicité, réactivité et gestion unifiée. Mais il présentait aussi un revers majeur : la dépendance.

Lorsque PayPlug a annoncé la fin du service d’encaissement pour compte de tiers, le groupe Maisons du Monde opérant plusieurs marketplaces s’est retrouvé sans solution immédiate pour gérer ces flux. Dans le même temps, PayPlug se recentrait sur la France, alors que Maisons du Monde multipliait ses implantations en Europe.

« Nous étions directement impactés par les choix de notre fournisseur. Nos ambitions européennes devenaient tributaires d’une stratégie qui n’était plus la nôtre », se souvient Jérôme Connac. « Il devenait impératif de reprendre la main, non seulement sur les prestataires, mais sur toute la logique d’orchestration du paiement. »

Un chantier de fond : séparer, centraliser, orchestrer

La refonte initiée en 2024 a d’abord consisté à redéfinir la gouvernance. Le groupe a choisi de scinder le processus de paiement en deux volets :

  • le pay-in, rattaché au département digital, centré sur l’expérience client et la conversion ;

  • le pay-out, confié à la trésorerie, responsable des versements, des rapprochements et de la conformité.

Ce découplage a permis de créer un “Système Fonctionnel Paiement”, véritable colonne vertébrale du dispositif. L’objectif : unifier la gestion des flux tout en rendant chaque composante autonome. Jusque-là, chaque canal (site, magasin, marketplace) possédait son propre workflow et ses règles propres - un modèle efficace à court terme, mais lourd à maintenir et surtout, difficile à auditer.

La nouvelle approche visait donc à centraliser la donnée et homogénéiser les parcours, tout en ajoutant des mécanismes de repli (fallback) capables de garantir la continuité en cas de panne d’un PSP ou d’un réseau de carte. En parallèle, l’équipe a entrepris de rechercher une solution capable de fédérer ces flux disparates dans une seule interface.

Reprendre le contrôle : l’orchestration comme levier d’autonomie

Après un benchmark complet, Maisons du Monde a retenu Primer, un orchestrateur de paiement reconnu pour sa flexibilité et son interface no code. La solution permet de connecter prestataires de paiement, acquéreurs et méthodes de paiement sur une même plateforme, sans intervention technique lourde.

« Primer cochait toutes les cases, y compris du point de vue de notre DSI. Sa logique no code nous offre une autonomie totale sur la configuration du parcours client, sans dépendance au développement », explique Jérôme Connac.

Le déploiement a débuté début 2024 par une phase de cadrage de trois mois avec les architectes informatiques, suivie de tests techniques et de bêtas. La mise en production est intervenue en juin 2024, puis la migration a été échelonnée sur les neuf pays du groupe.

Chaque intégration a été l’occasion d’introduire de nouveaux moyens de paiement : Klarna pour le paiement fractionné, Fintecture pour le virement instantané, aux côtés des historiques PayPal et Alma. Les prochaines étapes incluent Apple Pay, Google Pay, Wero et Bizum, deux marchés locaux stratégiques (Espagne et Italie) devant bénéficier de nouveaux PSP partenaires.

L’un des atouts majeurs de Primer réside dans sa vision unifiée de la donnée. Son journal de réconciliation agrège l’ensemble des flux, tous canaux et prestataires de paiement confondus, offrant aux équipes financières une lecture instantanée et consolidée. Cette centralisation a simplifié la comptabilité, mais aussi les comparaisons de performance : autorisations, taux de succès, coûts, latences.

Côté métier, le no code permet désormais aux équipes Payment et Digital d’ajuster directement les scénarios de routage, sans passer par la DSI. Un nouveau moyen de paiement ou un prestataire de paiement supplémentaire ? Il suffit de quelques clics pour l’ajouter, le tester, l’activer.

« L’ajout d’un PSP ou d’une méthode n’est plus un projet IT de six mois, c’est un use case métier », résume Jérôme Connac. Cette liberté change tout : elle nous permet de tester, d’expérimenter, d’avancer vite, sans sacrifier la stabilité. »

Résultats : résilience, agilité et autonomie

Moins d’un an après la mise en production, le dispositif fonctionne à plein régime.

Les premiers bénéfices sont visibles à plusieurs niveaux :

  • une meilleure résilience grâce aux mécanismes de fallback et à la redondance multi-PSP

  • une gouvernance clarifiée entre digital et trésorerie

  • une autonomie accrue pour les équipes

  • une visibilité consolidée grâce à des tableaux de bord transversaux

  • et une réduction notable des Capex, Primer prenant en charge la majorité des développements liés à l’intégration.

Ces changements ont également eu un impact culturel. Le paiement, autrefois perçu comme un sujet d’arrière-plan, est désormais un levier de pilotage stratégique pour les équipes business et financières. L’année 2026 marquera la première évaluation complète de la performance par prestataire de paiement, avec à la clé de potentiels arbitrages selon les taux d’acceptation et les coûts d’acquisition observés.

« C’est une solution pensée pour les Payment Managers : robuste, agile et transparente.
Nous avons gagné en vitesse, en compréhension et en autonomie. Et surtout, nous avons transformé le paiement en levier de performance, pas en source de dépendance. » détaille Jérôme Connac

Une transformation emblématique pour le retail européen

L’expérience de Maisons du Monde illustre un virage plus large dans le commerce européen : la fin du modèle tout-en-un et la montée en puissance des architectures orchestrées. Face à la complexité des paiements transfrontaliers, à la pression réglementaire (DSP3, PSR, DORA) et à la diversification des préférences locales, les marchands cherchent à reprendre le contrôle.

L’orchestration s’impose ainsi comme un levier de souveraineté technologique et financière : elle permet de sécuriser les flux, diversifier les partenaires et capitaliser sur la donnée. Elle transforme un centre de coûts en outil de décision et d’optimisation.

« Nous ne sommes plus des utilisateurs passifs, mais les architectes de notre propre chaîne de valeur », résume Jérôme Connac. En reprenant la main, nous avons gagné en autonomie, en compréhension et en rapidité d’exécution. »

Ce qu’il faut retenir

En refondant sa chaîne de paiement autour de l’orchestration, Maisons du Monde a fait bien plus que moderniser son infrastructure : elle a transformé la manière dont l’entreprise pilote sa performance. La collaboration avec Primer a permis de conjuguer agilité, maîtrise et sobriété technique, dans un secteur où la fluidité du paiement devient un facteur clé de compétitivité.

Une initiative qui, à l’échelle européenne, résonne comme un signal fort : le paiement n’est plus un service support. C’est un levier stratégique, à la croisée de la technologie, de la trésorerie et de l’expérience client.