leboncoin n’est pas une boutique en ligne. C’est un marché vivant, multiple, profondément ancré dans les usages des Français. Un espace où l’on négocie un vélo dans un hall d’immeuble, une poussette dans un parc ou un canapé au pied d’un camion de location. Cette diversité d’usages rend la question du paiement particulièrement stratégique.

Houda Dridi, Responsable Paiement, résume sa mission ainsi : « Nous avançons dans un écosystème où les usages réels priment sur les tendances. Notre rôle, c’est d’améliorer la vie de nos utilisateurs, pas de courir derrière la mode. » Pour elle, 2026 sera une année de progression concrète : simplifier, sécuriser, fluidifier. Une innovation sans outrance, mais avec impact.

Avec sa base d’utilisateurs immense et hétérogène, Le Bon Coin est un miroir précieux des comportements de paiement en France. La plateforme voit émerger des signaux faibles avant beaucoup d’autres acteurs : variations régionales, tensions de trésorerie, montée de nouveaux usages mobiles, évolution des préférences.

Pour Houda, cette richesse d’observation est un atout stratégique. Elle confirme que les paiements ne sont pas qu’un système technique : ce sont des comportements, des habitudes, une manière de se sécuriser dans l’échange, parfois même une photographie de la situation économique du pays.

Selon elle, Leboncoin construit un système de paiement qui reflète la France d’aujourd’hui. Ce que propose Houda Dridi pour 2026 n’a rien de spectaculaire dans sa forme, mais beaucoup dans son intention. Elle veut un paiement plus rapide, plus sécurisé, plus cohérent avec les gestes du quotidien. Un paiement qui accompagne les rencontres plutôt que de les remplacer. Un paiement qui renforce la confiance au lieu d’en ajouter les contraintes. C’est une vision profondément réaliste et résolument optimiste : celle d’une modernisation continue, attentive aux usages, respectueuse des besoins, et tournée vers la simplicité.

Sur leboncoin, tout se fait vite. Une conversation, une négociation, une vente conclue en quelques minutes. Ce rythme naturel crée une attente forte : celle de recevoir son argent presque immédiatement. Houda Dridi ne voit pas cela comme un défi technique, mais comme une réponse nécessaire à la confiance utilisateur. L’instantanéité n’a pas vocation à créer un effet d’annonce : elle doit devenir un réflexe, un standard, une évidence.

Pour elle, chaque moment où l’utilisateur s’interroge — “J’ai vendu, pourquoi je n’ai pas mon argent ?” — fragilise l’expérience. Son ambition est donc simple : rapprocher le moment de la vente et celui où les fonds sont réellement disponibles dans le wallet, sans jamais compromettre la stabilité du système.

leboncoin possède une singularité rare : une grande partie des transactions se conclut encore physiquement. Certains y verraient un obstacle à la digitalisation. Houda Dridi y voit, au contraire, un levier d’innovation.

Elle considère que les usages doivent guider la plateforme, non l’inverse. Les utilisateurs veulent se rencontrer, discuter, vérifier l’état d’un produit avant de payer. Le rôle du paiement n’est donc pas de remplacer ce moment, mais de le sécuriser et de le simplifier.

Les pistes envisagées vont toutes dans le même sens : permettre à la transaction physique de rester naturelle tout en apportant la sécurité et l’assistance de la plateforme.  « Si les gens se voient, c’est que c’est leur façon naturelle d’acheter et de vendre. Notre mission n’est pas de contrarier cela, mais de l’accompagner », explique-t-elle.

Le marché regorge de concepts technologiques ambitieux : agentic commerce, automatisation poussée, modèles prédictifs avancés. Houda les observe avec attention, mais refuse l’idée d’une adoption précipitée. Sa ligne est claire : l’innovation doit être utile avant d’être impressionnante.

Elle préfère étudier ce qui fonctionne réellement sur les marchés plus avancés, comprendre les retours d’usage, puis adapter ce qui a du sens pour les utilisateurs français. Une modernisation progressive, cohérente, qui renforce la plateforme sans la fragiliser.

Après plusieurs années dans un modèle fortement intégré, Houda Dridi engage une nouvelle phase de diversification technologique. L’idée n’est pas de multiplier les partenaires pour le principe, mais de retrouver davantage de contrôle et d’agilité.

Cette transition n’a rien de radical : il s’agit d’une évolution maîtrisée, pensée pour renforcer la résilience technologique de la marketplace.

Sur la fraude, l’apport de l’intelligence artificielle est déjà tangible. Elle permet d’analyser non seulement l’acte de paiement, mais tout ce qui le précède : un changement inhabituel d’adresse, un comportement erratique sur le site, une séquence d’actions atypiques. Cette lecture plus fine permet de déclencher un contrôle renforcé lorsque cela est pertinent, tout en épargnant les utilisateurs légitimes.

« L’enjeu n’est pas de bloquer plus, mais de bloquer mieux. Et de rendre la vie plus simple à ceux qui utilisent la plateforme normalement », insiste Houda. L’IA n’est donc pas une vitrine technologique, mais un moyen d’améliorer l’équité des parcours.